Beaucoup d’entre vous vivent des temps difficiles, avec l’inflation qui frappe les ménages, l’augmentation des primes de caisse-maladie, et certainement bientôt, des loyers. Pour les plus démunis, un passage par l’aide sociale peut s’avérer incontournable.

L’aide sociale fait l’objet de discussions politiques souvent acharnées et de mythes. Elle est l’objet d’attaques répétées, en particulier de l’UDC, qui soupçonne de nombreux profiteurs d’en abuser. La question est légitime, puisque l’aide sociale est en effet financée par nos impôts. Et puis, c’est vrai que les coûts de l’aide sociale ont explosé entre 2006 et 2019, plus de 50%. Mais attention : le nombre de bénéficiaires, lui, n’a augmenté que de 10%, suivant ainsi l’augmentation de la population suisse. En temps de crise, il est donc particulièrement indispensable que l’aide sociale soit au-dessus de tout soupçon.

On a voulu vérifier que tout cet argent versé était bien utilisé et que surtout, le risque de fraude était maîtrisé. Maria Pia Mascaro et Marie Nicollier ont suivi le travail d’une unité d’enquête, à Genève, dont le boulot est de traquer les abuseurs de l’aide sociale. Nous nous sommes penchés aussi sur des cas à Fribourg et Neuchâtel. Vous allez le voir, il y a bien sûr des bénéficiaires de l’aide sociale qui trichent, le plus souvent parce qu’ils ne s’en sortent pas. Mais passer entre les mailles du filet, c’est rare et difficile.

Un mot encore sur les derniers chiffres en matière d’aide sociale. Comme je vous le disais en introduction, les coûts de l’aide sociale en suisse ont augmenté de plus de 50% entre 2006 et 2019. La raison principale est que de plus en plus de prestations qui incombaient à l’assurance chômage ou invalidité ont été reportés sur l’aide sociale. Le nombre de bénéficiaires, lui, n’a augmenté que de 10%, ce qui équivaut à la hausse de la démographie. Enfin, depuis 2019, et malgré le COVID, les coûts des prestations et le nombre de bénéficiaires sont plutôt en baisse dans tout le pays, avec quelques exceptions.

Un reportage de Maria Pia Mascaro et Marie Nicollier.