Fruit de l’union entre Nicolas Legras et Sophie Joly, Francois-Théodore Legras voit le jour le 27 décembre 1839 à Claudon, petit hameau situé dans les Vosges au cœur de la forêt de Darney. On constatera plus tard que sa région d’origine restera, par la luxuriance de sa nature, sa principale source d’inspiration pour bon nombre de ses œuvres. L’enfance passée, il fera ses premières armes en entreprise à l’âge de 20 ans à peine. Engagé dans une verrerie située sur Saint-Denis, en banlieue de Paris, il commença son apprentissage en tant que simple commis. Très vite, il se battit une solide expérience, tant comme artisan, que comme ouvrier. Au bout de trois années seulement, il est propulsé au grade de directeur. Le travail acharné forçant la multiplication des créations, la société emploiera rapidement de nombreux ouvriers et deviendra, en son temps, la première verrerie de Paris. On parle ici de plus de 1500 travailleurs pour cette entreprise alors en pleine expansion. Du côté de sa vie privée, Francois-Théodore rencontre également l’épanouissement. En effet, il prend pour épouse Elise Constance Broissarden en l’église de Saint-Denis, le 4 mai 1867, soit la même année que sa nomination au poste de directeur de la Verrerie de Saint-Denis. Une année en or, tant pour l’homme que pour l’artisan.

Influences

Comme évoquée précédemment, sa première source d’inspiration fut avant toute chose sa terre natale verdoyante et rurale. Faune et flore, voilà comment on pourrait caractériser le travail de Francois-Théodore Legras. Constamment on retrouve ses inspirations sous forme d’iris, de chrysanthèmes ou encore d’orchidées et sous différentes formes, couleurs ou utilités, principalement en forme de vase. Tout comme ses confrères de l’époque, le maître verrier se fera un devoir de mélanger quantité et qualité, qui seront la base d’une production à succès. Souvent sans signature, tant la production était abondante, on reconnaîtra les œuvres de Legras généralement par sa couleur de prédilection, le vert nil. Il trouvera également des influences, auprès des œuvres d’Emile Gallé, qu’il tentera d’imiter, sans pour autant ne pas y rajouter sa touche personnelle.

Techniques

Legras utilise de nombreuses techniques pour parfaire ses résultats. Cependant, deux d’entre elles restent le plus souvent mises en pratique. La technique de l’acide en verrerie, qui consiste à tremper son verre dans de l’acide fluorhydrique pour créer le décor en coordination avec les parties non touchées par l’acide préalablement recouvertes par un vernis protecteur. L’artiste entrepreneur s’autorise également une autre technique, plus classique, celle dite de la roue. Elle se pratique à l’aide d’une petite molette (de toutes tailles) qui peut être en cuivre, en plomb, en liège ou encore en pierre, le tout monté sur un tour. Le verre est finalement entaillé par la simple action de la roue.

Un représentant de l’ère industrielle et de l’art Nouveau

Pour comprendre Francois-Théodore Legras, il faut d’abord comprendre son temps et sa ligne de conduite. Il voulait faire de son art quelque chose de « beau et d’utile », mentalité qui se veut parfaitement en adéquation avec son époque, celle de l’ère industrielle et de l’art Nouveau dont il sera un parfait représentant. Il produira tous types d’œuvres, sous tous types de formats (domestique, hospitalier, scientifique..), pour tous types de classes. Cette façon de penser et de produire explique alors la raison de son franc-succès auprès du public et l’importance de production de son entreprise pour répondre à la demande.

Fin de vie et héritage

Francois-Théodore Legras s’éteindra le 2 août 1916 à Paris, à l’âge de 76 ans. Il sera inhumé au cimetière Montmorency. N’ayant pas d’héritier direct, c’est son neveu Charles Legras qui reprendra l’affaire. Malheureusement, celui-ci décèdera à son tour en 1922. Dès cette année, la verrerie Legras passe alors d’entreprise en entreprise (Souchon-Neuvesel puis la verrerie des Cristalleries des quatres chemins) jusqu’à son arrêt définitif, lors de sa destruction vers la fin de la deuxième guerre mondiale.

Ses reconnaissances à l’international

Legras et sa Verrerie de la Plaine reçoivent de nombreuses récompenses au fil des ans, comme la médaille d’or pour la verrerie de Plaine à Barcelone en 1888. Cette année-là, il est également fait chevalier de la légion d’honneur par le président de la république de l’époque, Sadi Carnot. La reconnaissance ultime de par ses pères sera sans nul doute son rôle de responsable de la partie verrerie et cristallerie lors l’exposition universelle de Paris en 1900. Il est également reconnu de nos jours comme maître verrier à la fondation de l’art nouveau en compagnie de grands noms de l’artisanat tels que Gallé, Daum et Lalique. Francois-Théodore Legras n’est pas forcément le plus connu de ces noms cités précédemment. Pour en découvrir plus sur son oeuvre, le Musée du Verre et des Activités Anciennes de la Forêt, du Fer, du Bois, de la Broderie et de la Résistance situé à Hennezel-Clairey offre aux visiteurs de découvrir son oeuvre.