Le philosophe William James insistait sur le fait que les choses terrestres non seulement « ont des vies personnelles » mais qu’elles racontent de véritables récits qui constituent la trame de l’univers. Depuis lors, quelques philosophes et quelques historiens se sont attachés à prendre acte de la possibilité, notamment pour les animaux, d’activement « signifier », par le biais de traces et de marques, sur un mode que Michel Serres associera au régime de l’écriture. Les humains ne seraient donc pas les seuls à raconter des histoires, voire à participer à l’écriture de l’Histoire.

Si cette idée a été particulièrement bien mise à l’épreuve dans la science-fiction (par exemple dans les récits d’Ursula Le Guin), elle semble aujourd’hui prendre consistance dans certains travaux scientifiques et ouvrirait la voie à la possibilité d’écrire avec les vivants, dans des histoires intriquées.

Des récits « arachnéens » qui donneraient une autre signification à la proposition que faisait Jakob von Uexküll dans Mondes animaux et monde humain « Tout sujet tisse des relations comme autant de fils d’araignée avec certaines caractéristiques des choses, et les entrelace pour faire un réseau qui porte son existence ».