L’iconoclaste chanteur Cat Stevens a érigé l’introspection et la quête spirituelle au rang d’art. Retour sur la carrière de celui qui se définit désormais comme un « miroir tendu aux musulmans et non-musulmans ».

Pas loin des sept vies d’un chat, et autant de noms. Steven Demetre Georgiou, Cat Stevens, Yusuf Islam, Yusuf et finalement Yusuf/Cat Stevens… Après le succès de « I Love My Dog », celui qui avait écrit et vendu pour 30 dollars, à 17 ans, « The First Cut Is the Deepest » devient l’extravagant symbole du Swinging London, auquel il apporte la profondeur de ses textes, plus noirs que la norme de l’époque. La scène musicale rock d’alors l’accueille à bras ouverts, séduite par son érudition et sa sensibilité. Sur la route avec Jimi Hendrix dès ses 18 ans, Cat Stevens se brûle les ailes au succès délirant de ses titres. Hospitalisé pour la tuberculose, il entrevoit lors de sa rémission le début d’un chemin métaphysique qui le fera passer successivement du bouddhisme à l’hindouisme en passant par le tao, le zen, l’astrologie, la numérologie… Le chanteur les essaie tous, avant, en novembre 1979, de disparaître des radars, pour annoncer plus tard qu’il a perdu le goût de la guitare au profit de l’étude du Coran. Sa lecture rigoriste du livre saint lui interdit d’abord de toucher à un instrument de musique : il mène une vie de père de famille et devient bientôt une figure musulmane influente d’Angleterre en créant la première école primaire islamique publique du pays. Entraîné dans la controverse qui accompagne la sortie des Versets sataniques de Salman Rushdie suite à son soutien à la fatwa lancée par l’ayatollah Khomeiny, Yusuf Islam devient bientôt infréquentable pour toute la presse occidentale.

Identités réconciliées

La star reviendra sur scène une première fois pour rendre hommage à Nelson Mandela, puis plus récemment, sous le nom combiné de Yusuf/Cat Stevens. Ses identités réconciliées, l’artiste déclare désormais en entretien se voir comme un « miroir tendu aux musulmans et non-musulmans » : sa musique parle à tous. France Swimberge peint le portrait d’un homme aux facettes multiples, mêlé d’images d’archives bouleversantes du jeune chanteur de l’album Tea for the Tillerman. Pratiquant ou non, on respecte l’icône.

Documentaire de France Swimberge (France, 2020, 53mn)

Disponible jusqu’au 25/03/2023