Les premiers camps de concentration sont mis en place dès 1918, quelques mois après la révolution d’Octobre. Le nouveau régime bolchevik veut se débarrasser des adversaires politiques et rééduquer par le travail les éléments dits « asociaux ». La première expérimentation à grande échelle a lieu sur l’archipel des Solovki, tout près du cercle polaire. Des milliers de détenus politiques et de droit commun, hommes et femmes, y sont déportés et soumis au travail forcé. En 1922, après le retrait de Lénine, frappé par des attaques cérébrales à répétition, Staline prend peu à peu le pouvoir et décrète à partir de la fin des années 1920 l’industrialisation du pays à marche forcée ainsi que la collectivisation des terres arrachées aux koulaks, les petits propriétaires terriens, prélude à des famines meurtrières. Cette « dékoulakisation » qui frappe massivement la paysannerie confère au Goulag une dimension elle aussi massive. Des chantiers titanesques sont lancés dans les régions les plus reculées, comme la Kolyma, en Sibérie. La police politique (Tchéka, puis Guépéou) envoie dans les camps de travail des centaines de milliers d’innocents, dont l’esclavage constitue une ressource économique majeure. Construction d’infrastructures et de villes, extraction d’or et de pétrole causent la mort de milliers de zeks (abréviation du mot russe signifiant « enfermé », « prisonnier »). Qu’importe, puisque la main-d’œuvre va s’avérer inépuisable ?