En République démocratique du Congo, la policière Honorine Munyole lutte pour protéger les femmes et les enfants des violences physiques et sexuelles. Caméra à l’épaule, le réalisateur Dieudo Hamadi (« Retour à Kinshasa ») dresse le portrait d’une femme exemplaire.

Surnommée affectueusement « Maman Colonelle » par la population, Honorine Munyole a la détermination chevillée au corps. Après avoir dirigé pendant quinze ans la brigade de la protection de l’enfance et de la lutte contre les violences sexuelles de Bukavu, la ville du sud-est du pays ravagée par la guerre, où le viol a été utilisé comme une arme de destruction massive par tous les belligérants, elle est mutée à Kisangani, troisième plus grande localité du pays. Sur place, elle découvre les séquelles laissées par un conflit annexe, la guerre dite « des Six Jours » en juin 2000, pendant laquelle les armées ougandaise et rwandaise se sont livrées à des massacres et à des viols de masse. Bien que des milliers de civils y aient perdu la vie, le conflit n’a jamais suscité de procès officiel. Outre les plaies d’une guerre oubliée, la colonelle Honorine doit aussi faire face à la maltraitance des enfants, souvent accusés de sorcellerie et, dans un contexte d’extrême pauvreté, rendus coupables de tous les maux de la société.

Mère courage

Caméra à l’épaule, le réalisateur Dieudo Hamadi (Retour à Kinshasa) suit au quotidien cette « colonelle » hors du commun dans son combat pour rendre justice aux femmes et aux enfants de son pays. Tour à tour policière, juge, psychologue ou éducatrice, elle en vient à se substituer à des institutions en déréliction, dans une terre marquée par plusieurs décennies de massacres et d’instabilité politique. D’une incroyable ténacité, elle dialogue avec tous les acteurs de la société congolaise – avocats, bourreaux ou simples civils – afin de les alerter sur cette violence omniprésente. Cette mère courage – qui élève seule sept enfants, dont trois adoptés – n’hésite pas à héberger les femmes et les enfants maltraités dans son commissariat. Un puissant portrait de femme, qui, à travers les exactions dénoncées, questionne un pan de l’histoire du Congo.

Documentaire de Dieudo Hamadi disponible jusqu’au 28/05/2023.