L’odeur âcre de brûlé est entêtante. Cela ne semble pas gêner Olivier Delemont. Equipé d’une lampe torche, il scrute les parois des murs encore dégoulinantes des litres d’eau déversés par les pompiers. Tout est noir, lugubre. Des traces de la vie d’avant subsistent pourtant. Ici, on devine la carcasse d’un fauteuil ; là, l’armature d’un lit. Ce jeune Suisse de 32 ans est dans son élément. Il remonte le temps pour comprendre ce qui s’est passé. Patiemment, il décrypte les signes laissés par le feu et lui fait raconter son histoire. Criminaliste et expert en police scientifique et technique au sein de la Police du canton de Genève, il est là pour enquêter. L’incendie est-il criminel, accidentel, volontaire ? S’agit-il d’une explosion, d’un feu couvé, d’une combustion spontanée ? Où a t-il démarré ? Quel funèbre chemin a t-il parcouru ? Son expérience et sa connaissance des feux font de lui un des enquêteurs les plus compétents du pays. Il se met dans la peau du feu pour penser et réagir comme lui.
En plus de ses activités de police, Olivier Delemont enseigne à l’Institut de police scientifique de l’Université de Lausanne où il est spécialiste en « incendie et explosion d’atmosphère ». Au sein de la plus vieille école de police scientifique du monde (fondée en 1909), il transmet son savoir. Les reconstitutions spectaculaires ainsi que le transport sur des scènes de crime ne laissent pas ses étudiants indifférents.