Suspecte numéro un de la pandémie de Covid-19, la chauve-souris effraie. Mais comme le montre cette étonnante enquête scientifique, le mammifère volant fascine les chercheurs, qui tentent de découvrir les secrets de sa santé de fer. En une impressionnante nuée, elles se précipitent vers le ciel crépusculaire pour chasser les insectes, sous l’œil d’or des statues de Bouddha. Les chauves-souris vivent par millions dans la grotte thaïlandaise de Khao Chong Phran, qui est aussi un temple bouddhiste et un terrain d’observation pour les chercheurs. Loin de partager la répulsion générale, ceux-ci se passionnent pour ces créatures diabolisées, qui ont, de plus, défrayé l’actualité en tant que suspectes numéro un de la pandémie de Covid-19. Porteuses de centaines de virus, transmissibles à l’homme pour certains, elles sont soupçonnées d’être à l’origine de plusieurs maladies : fièvre de Marburg, Ebola, sans oublier les multiples coronavirus. Mais comment ce mammifère parvient-il à résister aux infections ? Cette endurance au mal intrigue de nombreux scientifiques.  Des équipes travaillant entre Dublin et Singapour ont fait par exemple le pari fou de décoder l’ADN des 1 400 espèces de chauves-souris, afin de percer certains mystères. D’autres, comme Gary F. McCracken, de l’université du Tennessee, qui suit à bord d’un petit avion l’une d’entre elles, le molosse du Brésil, étudient leur vol ultrarapide (jusqu’à 160 km/h). La chercheuse irlandaise Emma Teeling défend d’ailleurs l’hypothèse selon laquelle leur déplacement aérien, apparu il y a 55 millions d’années, serait à l’origine de mutations génétiques qui auraient boosté leur système immunitaire. À terme, ces recherches pourraient faire reculer certaines maladies auto-immunes et même aider l’humanité à bien vieillir, car, autre mystère, la chauve-souris semble rester éternellement jeune. Réalisée par Raphaël Hitier (« Génération écrans : génération malade ? »), une enquête scientifique, menée aux quatre coins de la planète, sur les prodiges de la nature que cache ce mammifère mal aimé. Documentaire de Raphaël Hitier disponible jusqu’au 05/05/2022