Entre rêve et réalité, un carnet de voyage hypnotique, puzzle d’émotions, de confessions et de réflexions sur le monde. Croisant visages et paysages, Iva Radivojevic signe un essai cinématographique d’une grande beauté. « Ceci n’est qu’un rêve et dans ce rêve, tout est signe. » De Buenos Aires à Katmandou en passant par Brooklyn ou le désert algérien, Aleph la première lettre de l’alphabet hébreu, et « le début de tout », se déploie comme un labyrinthe à travers dix pays et cinq continents. Entre réalisme magique et fiction, ce carnet de voyage, tissé de poésie, entrelace les récits de ses protagonistes comme autant de pièces d’un puzzle qui esquisserait, librement, ce que Jorge Luis Borges appelait, dans son recueil de nouvelles L’aleph (Gallimard, 1967) l’inconcevable univers. Tout à la fois guides, témoins et porteurs de mémoire, ils livrent leurs états d’âme comme autant d’états du monde. Pour des hommes du désert, la beauté, c’est d’abord celle de leur « hôtel mille étoiles ». L’acteur serbe Zarko Lausevic, lui, condamné après un double meurtre, confie avec sobriété son incompressible peine intérieure, alors qu’au Népal la narratrice constate, sans acrimonie aucune, que « si les alpinistes ont besoin de l’Himalaya, l’Himalaya n’a pas besoin d’eux ». À la manière d’un cadavre exquis, et au-delà des disparités spatio-temporelles, chaque histoire surgit l’une après l’autre avec fluidité, dialoguant par-delà les frontières. Après Evaporating Borders, la réalisatrice Iva Radivojevic, d’origine serbo-croate, signe un essai cinématographique hypnotique. Ayant glané ces récits au hasard de rencontres, elle explore avec élégance l’imaginaire de ses personnages, lesquels deviennent coauteurs du film. Un reflet doux-amer de la planète en même temps qu’un formidable florilège d’humanité. Documentaire d’Iva Radivojevic disponible jusqu’au 16/11/2023.