Un voyage hypnotique dans la Chine de la marche forcée. Inspiré de la Divine Comédie de Dante, on y observe le gigantisme industriel qui écrase la fragile humanité des ouvriers et violente la nature. Au fil d’un voyage sidéré à travers son pays, poème lyrique d’une somptueuse beauté, Zhao Liang, s’inspirant de la Divine comédie de Dante, dresse un portrait alarmant de la Chine de la croissance, entre enfer, purgatoire et paradis interdits. Mines et fonderies assourdissantes, chantiers arrogants, champs pétrolifères, cortège funèbre de camions et de machines… : il filme un monde dépecé par l’avidité et la soif de puissance, dont le gigantisme écrase dans un même mouvement la terre « jusqu’au plus petit vermisseau » et la fragile humanité. Un manifeste lucide qui dénonce surtout la tragique et précaire condition humaine du « peuple des travailleurs », migrants de l’intérieur et victimes exploitées, contaminées jusqu’à la mort, tandis que les survivants protestent muettement derrière les portraits brandis des défunts, pour témoigner de l’agonie collective en cours. Jusqu’à l’ultime étape, dans la ville fantôme d’Ordos à la propreté clinique, hérissée de tours et trouée d’avenues désertes, une construction parmi tant d’autres dans l’empire du Milieu, mirage glaçant de l’absurdité du monde. Un documentaire de Zhao Liang, produit par ARTE France et l’INA.