Depuis le début du XXIème siècle les actions humaines modifiant environnement, climat, vivre-ensemble, mais aussi naissance, mort et vie se démultiplient. Dans ce contexte, des procédés biotechnologiques, pour la plupart numérisés, de potentialisation, d’augmentation, d’hybridation, de transformation des corps, font advenir ce que Michel Serres appelle une hominescence : un mouvement, des fluctuations construisant un (nouvel) homme [humain]. Alliant biotechnologies, culture et politique, le champ des différences sexuelles et des sexes vécus représente un aspect paradigmatique du nouveau corps hominescent. Soutenir l’inclusion des personnes transgenres ne dispense pas, toute velléité polémique mise de côté, de réfléchir à la modernité des actions sur les corps telles qu’elles peuvent leur être proposées comme réponses médico-techniques à la question des sexes vécus. Notre réflexion, empruntant à la phénoménologie, partira de la compréhension de ce que le corps organique/Körper – y compris le sexe organique – est une partie du corps vécu/Leib, lequel comprend les sexes vécus.