Missak Manouchian, rescapé du génocide arménien, incarne l’une des figures les plus emblématiques de la Résistance française. Né en 1906 dans l’Empire ottoman, il voit sa vie basculer dès son plus jeune âge, lorsque sa famille est massacrée lors du génocide arménien de 1915. Contraint à l’exil, il se réfugie en France où, malgré les épreuves, il trouve une nouvelle patrie. D’abord ouvrier, puis poète et militant, il s’engage dans la lutte antifasciste dès les années 1930, rejoignant les rangs du Parti communiste. Sa détermination, nourrie par les injustices qu’il a vécues, le pousse à embrasser avec ardeur la cause de la Résistance après l’occupation allemande.
En 1943, Manouchian prend la tête des Francs-Tireurs et Partisans – Main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI), un groupe de résistants composé principalement d’étrangers. Ce réseau, souvent marginalisé par son caractère cosmopolite, joue pourtant un rôle crucial dans les actions armées contre l’occupant nazi à Paris. Missak Manouchian se distingue par son courage et son habileté stratégique, organisant des sabotages, des attentats contre les officiers allemands et des opérations audacieuses visant à déstabiliser l’occupant.
Son parcours au sein des FTP-MOI lui confère un rôle central dans la lutte armée. Sous sa direction, les résistants multiplient les actions de harcèlement contre les forces d’occupation, notamment des attaques spectaculaires comme l’attentat contre le général Julius Ritter. Cependant, leur efficacité finit par attirer l’attention de la police allemande. En novembre 1943, Manouchian et vingt-deux de ses camarades sont arrêtés. Après un procès expéditif orchestré par la propagande nazie, ils sont condamnés à mort. L’affiche rouge, tristement célèbre, cherche alors à discréditer leur combat en les présentant comme des « terroristes étrangers ».
Le 21 février 1944, Missak Manouchian est fusillé avec ses compagnons au Mont-Valérien. Son ultime lettre à sa femme, Mélinée, témoigne de la profondeur de ses convictions et de son attachement à la justice. Il y exprime son amour pour elle et pour la France, affirmant son espoir en un monde meilleur malgré l’inévitable issue. Aujourd’hui encore, Missak Manouchian demeure un symbole de la résistance courageuse, de l’engagement contre la barbarie et de la lutte pour la liberté.