Le fascisme, la Seconde Guerre mondiale, Auschwitz, elle a tout vécu. Et survécu. Les souvenirs d’une combattante des Partisans yougoslaves, survivante d’Auschwitz, font écho à la montée actuelle des fascismes en Europe. Elle parle d’une voix douce des événements les plus terribles du XXe siècle. Sonja Vujanovic, 97 ans, fut la première femme serbe membre des Partisans, le mouvement communiste armé yougoslave mené par Tito, qui combattit les nazis et les fascistes italiens. Capturée en 1942 et déportée, elle devint une des chefs du mouvement de résistance au camp d’Auschwitz-Birkenau. Sous la caméra de Marta Popivoda, sa vie et ses combats, notamment féministes, remontent le cours tortueux de l’hstoire : des  engagements que sa mémoire tente de restituer le plus précisément possible. En contrepoint à sa parole, les paysages (forêts et montagnes de Serbie, terrains boueux du camp polonais), témoignant du passé, s’insèrent dans le récit comme autant de surimpressions oniriques : gros plans picturaux, presque abstraits, offrant un relief inédit à la voix et la reliant au présent. Dans cet essai poignant sur la résistance et la mémoire, la réalisatrice belgradoise ouvre sur une perspective éminemment contemporaine : la montée des fascismes en Europe et l’intolérance à l’homosexualité du gouvernement serbe, qui l’a poussée à fuir son pays pour Berlin avec sa compagne Ana, coauteure du film. Documentaire de Marta Popivoda.