La truffe blanche d’Alba est la principale richesse des forêts du Piémont. Or, l’explosion des prix et la sécheresse persistante dans le nord de l’Italie ont accru la concurrence entre les chasseurs de truffes. Certains ne reculent devant rien pour s’approprier ces précieux champignons, allant jusqu’à empoisonner les chiens de leurs concurrents. Ces méthodes déloyales mettent à mal une tradition plusieurs fois centenaire.

Michele Bertolusso est un « trifulau », comme on appelle les chasseurs de truffes au Piémont. Il arpente ses coins secrets du crépuscule à l’aube, par peur de la concurrence et pour éviter d’être dérangé. Il s’inquiète en outre pour ses chiens : 14 d’entre eux ont déjà été empoisonnés et seuls 3 en ont réchappé. L’unité de la garde forestière que dirige Nadia Bessone sillonne régulièrement les sites truffiers pour saisir les éventuels appâts empoisonnés. L’univers des chasseurs de truffes est longtemps resté très fermé. Ces dernières années, certains ont toutefois rompu le silence et signalé les cas d’empoisonnement.

Chaque automne, le centre-ville d’Alba devient le cœur du marché de la truffe en Europe. Le prix d’un kilo de truffes blanches d’excellente qualité peut atteindre 6 000 €, mais cette flambée des prix n’occulte pas le fait que l’avenir de ce champignon est très incertain, au point qu’en 2021, l’Unesco a inscrit la chasse et l’extraction de la truffe en Italie sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Paolo Montanaro et sa sœur Stefania commercialisent des truffes en conserve ainsi que de l’huile et des pâtes à la truffe. Or, la dernière saison a été la pire de tous les temps. En effet, ces champignons sont très sensibles et les pratiques agricoles intensives, en particulier les monocultures, mettent en péril leur substrat naturel. Une menace qui a poussé Paolo Montanaro à s’engager pour la reforestation du Piémont, conscient que si la population ne faisait rien pour préserver cette précieuse ressource, les chances de pouvoir en déguster à l’avenir se réduiraient comme peau de chagrin.

Reportage (Allemagne, 2023, 32mn)
Disponible jusqu’au 14/12/2024