À Pékin, ce jeune couple de « créatifs » dans la pub vient d’acheter son premier studio dans un immeuble neuf de la banlieue, et passe avec bonheur beaucoup de son temps libre à en peaufiner la décoration. Près d’Haïfa, une famille nombreuse emménage dans un kibboutz à l’extérieur de la ville, avec l’espoir de se construire une nouvelle vie, plus communautaire que celle qu’elle avait en ville. À Saint-Pétersbourg, deux trentenaires copains de fac ont investi leurs économies dans la rénovation d’un immeuble historique, dont ils veulent faire un hôtel et centre culturel branché. Et tous ont un point commun : IKEA et ses meubles en kit, ses grandes allées illuminées et ses escalators, sa cafétéria et ses promos. Ainsi, Israéliens, Russes, Chinois ou Français, nous sommes de plus en plus nombreux à avoir la même bibliothèque, la même cuisine ou le même canapé, produits de consommation courante dont on change au gré des aléas de la vie. Mais derrière cette uniformisation apparemment totale, il y a pour chaque pays, chaque individu, une façon singulière de s’approprier la marque et de définir son chez-soi. Le meuble, comme moyen d’une sociologie mondiale, touchante et originale.