Ils se souviennent de tout, elles n’ont rien oublié. Pascal montre les arbres du jardin du Luxembourg – surtout celui « où il fallait faire -gaffe, avant l’espace à découvert » -, derrière lesquels il se cachait pour observer Marie-Hélène. C’était en 1952, ils étaient en CM2. Françoise retrouve le toit sur lequel était juché Jacky lors de leur premier regard adolescent, en 1973. Valérie pénètre comme si c’était la veille dans le bar où Didier jouait au baby-foot il y a quinze ans. Trois amours de jeunesse. Rien que de très banal dans ces débuts d’histoires qui « finissent mal en général ». Mais celles-là sont particulières. Car ces souvenirs que chacun garde enfouis ont ici eu raison du temps qui passe. La prime à Pascal, qui les a vus resurgir quarante-deux ans plus tard aussi vivaces qu’au « Luco ». Il n’avait alors revu Marie-Hélène qu’au moment du bac. Elle était « beaucoup trop belle », il n’avait pu sortir un mot, sauf pour se traiter de « con ». Plusieurs mariages et quelques décennies plus tard, ils se sont retrouvés par hasard, et ont rattrapé le temps perdu. Les souvenirs de Valérie ont résisté au temps, mais aussi aux maladresses. Celles de Didier, qui lui promit jadis une soirée foot – première rupture -, puis lui tendit des années plus tard une carte de visite professionnelle, en raison de la présence d’une autre femme chez lui. Nouvelles retrouvailles, nouvelle rupture. La troisième fois sera la bonne. Jacky était maçon, Françoise étudiante. « Sur le plan culturel, intellectuel, il y a beaucoup de choses qu’on ne partageait pas », se souvient-elle. Vingt-trois ans plus tard, elle était enfin « prête à l’accueillir ». Un rendez-vous sur un parking, et ce fut le coup de foudre. Pour le même, mais pour de bon. Un documentaire de François Bordes et Laurent Fléchaire.