Il semble déjà loin le temps où les Suisses manifestaient dans la rue contre l’invasion russe de l’Ukraine, il y a exactement 4 mois. Depuis, nous nous sommes habitués aux nouvelles de cette horrible guerre, C’est ce qu’on appelle, la fatigue de la guerre : l’opinion publique se lasse, une autre actualité s’installe, tandis que chaque jour, des centaines de militaires et des dizaines de civils continuent de mourir dans ce pays européen.

Alors rappelons tout de même pour mémoire les chiffres qui sont évoqués : entre 15’000 et 30’000 militaires russes tués, selon les sources, sans doute autant du côté de l’armée ukrainienne, qui reconnait la mort de près de 200 de ses soldats chaque jour, en ce moment. Et puis bien, sûr, il y a les morts civils. Rien qu’à Marioupol, la cité martyre, les estimations côté ukrainien font état de plus de 20’000 morts. Bombardements indiscriminés, exécutions sommaires, tortures, viols, cela constitue des crimes de guerre, des crimes dont les auteurs sont dans leur écrasante majorité, les troupes d’invasion russes. Pour la justice internationale, pour la Commission européenne, il n’est pas question d’attendre tranquillement la fin de la guerre pour commencer à traquer les coupables. La Justice internationale joue sa crédibilité dans le conflit ukrainien.

Et vous allez le voir, le travail des enquêteurs sur place est impressionnant. A Temps Présent, nous avons décidé d’envoyer une équipe de tournage en Ukraine, sur les pas de ces enquêteurs, de la petite policière de village aux experts internationaux. Marie-Laure Baggiolini et Jean-Daniel Bohnenblust ont arpenté avec eux les lieux de carnage, les scènes de crime et les cimetières. Ce sont des images dures, attention donc pour les plus sensibles, celles d’une réalité qu’il faut accepter de voir en face. Mais d’espoir aussi, qu’un jour justice soit rendue.

Signalons encore que nous avons demandé officiellement aux autorités de la République autoproclamée de Donetsk un visa de journaliste, pour qu’une équipe de Temps Présent puisse se rendre de l’autre côté de la ligne de front, côté russe. Nous avons reçu la réponse ce matin (24.06.2022) : c’est non. Il est donc impossible de rapporter ce qui se passe du côté russe, l’information y étant verrouillée à double-tour, ce que nous regrettons.

Quant aux chances qu’un jour le Président russe Vladimir Poutine soit inculpé par la Cour Pénale, elles sont bien réelles. Par contre, il apparait quasiment impossible qu’il finisse en prison. Non seulement la Russie ne reconnait pas la Cour pénale internationale, mais encore, cette dernière n’ayant pas de police, il faudrait que des Etats membres se chargent d’arrêter Poutine. Tout au plus, le Président russe pourrait vivre avec la menace permanente d’un mandat d’arrêt international.

Un reportage de Marie-Laure Baggiolini et Jean-Daniel Bohnenblust.