À travers les parcours d’une trentaine d’hommes et de femmes, Patrick Rotman reconstitue le puzzle de la Résistance. Quatrième et dernier volet : malgré les coups durs et le manque de moyens, la résistance armée prend une ampleur inédite à l’été 1943.

En septembre, une unité des FTP-MOI, emmenée par le jeune Marcel Rayman, abat un colonel SS à Paris. Mais un vaste coup de filet de la police française anéantit bientôt le groupe, dirigé par Missak Manouchian. Si les maquisards défilent au grand jour à Oyonnax le 11 novembre, la bataille des Glières, quelques mois plus tard, rappelle la férocité de la répression, menée conjointement par la Wehrmacht et la milice de Joseph Darnand. Fin 1943, de Gaulle est à la tête d’institutions républicaines (Comité français de libération nationale et Assemblée consultative provisoire) qui intègrent un grand nombre de représentants de la résistance intérieure. L’unification se poursuit avec la fusion des organisations militaires au sein des Force françaises de l’intérieur (FFI). Après le débarquement allié du 6 juin 1944, les maquis, comme celui de Georges Guingouin dans le Limousin, voient affluer les volontaires, tandis que les Allemands, en déroute, se vengent sur les populations civiles. À Paris, le chef des FFI, Henri Rol-Tanguy, déclenche l’insurrection, ouvrant la voie au général Leclerc. Après la libération complète du territoire, de Gaulle peut rétablir les institutions et mettre en œuvre le programme du CNR. Un grand nombre de résistants, qui ont rêvé ces lendemains qui chantent, seront les cadres de la reconstruction du pays.

Destins entrelacés
La Résistance ne fut pas une, mais plurielle. De la débâcle à la Libération, des embryons d’organisations à la difficile unification sous l’égide du général de Gaulle, Patrick Rotman restitue cette hétérogénéité en entrelaçant les destins d’une trentaine d’hommes et de femmes, chefs et fantassins de l’armée des ombres. Composée de témoignages, souvent poignants, de résistants – à l’instar d’une archive où Christian Pineau raconte avoir rasé Jean Moulin, affreusement torturé, à la prison de Montluc –, d’images rares de la France occupée, de documents méconnus (lettres, rapports, fiches d’agents infiltrés…) et de remarquables reconstitutions en animation d’épisodes clés – d’une réunion sous tension entre Frenay et Moulin à l’attentat du métro Barbès –, cette fresque aussi dense que passionnante explore trois facettes d’une même histoire : celle des mouvements et réseaux clandestins, celle de leur relation avec l’opinion française, et celle de la répression orchestrée par l’occupant et le régime de Vichy.

Série documentaire de Patrick Rotman (France, 2020, 55mn)
Disponible jusqu’au 24/06/2023