Originaire du Pacifique nord, le crabe royal du Kamtchatka peut atteindre deux mètres d’envergure. Dans les années 1960, des chercheurs soviétiques ont introduit des milliers de spécimen dans la mer de Barents. L’espèce a vite proliféré, n’ayant évidemment cure de la délimitation des eaux territoriales. Si elle nuit aux écosystèmes, elle n’en fait pas moins le bonheur des pêcheurs norvégiens.

Au début des années 1990, le crabe du Kamtchatka a littéralement colonisé les eaux côtières norvégiennes. Par 120 mètres de profondeur, Erling Haugan pêche ces crustacés à l’aide de casiers spécialement conçus à cet effet. Dix ans déjà qu’il s’adonne à cette activité lucrative. Le prix au kilo oscille en effet entre 30 et 40 euros et certains crabes pèsent pas moins de quatre kilos.

L’invasion de ces arthropodes n’est pas seulement une aubaine pour les pêcheurs, elle a aussi revitalisé toute une région. Situé à environ 500 kilomètres au nord du cercle polaire, le village de Bugøynes est aujourd’hui considéré comme la « capitale du crabe ». Il y a 35 ans, la bourgade était pourtant à l’agonie. Le cabillaud avec presque disparu de la mer de Barents et l’usine de transformation de poissons avait fait faillite. À présent, les habitants reviennent et les pêcheurs peuvent écouler leurs prises auprès d’un nouvel établissement. « King Crab Norway » vend ses crabes vivants à de grands restaurants de New York, Tokyo et Dubaï.Mais le précieux crustacé représente tout de même un danger. Certes pas pour l’homme, mais pour l’écosystème des fjords où il n’a pas d’ennemis naturels. D’où l’inquiétude des biologistes norvégiens de l’Institut de recherche marine Akvaplan-niva. À l’heure où le crabe royal migre de plus en plus vers l’ouest, en verra-t-on bientôt dans la mer du Nord ?