Les porteurs de charge ont disparu des Alpes et de la plupart des montagnes du Vieux Continent. Les hélicoptères et les téléphériques les ont remplacés. Sauf en Slovaquie, dans le parc national des Tatras, où les sherpas du plus petit massif montagneux d’Europe approvisionnent en produits de première nécessité les refuges isolés.

Števo Bačkor a 47 ans. Il est l’un des quelque 60 porteurs de charge qui travaillent encore dans ce massif à caractère alpin. Deux à trois fois par semaine, il transporte sur son dos du bois de chauffage, des boissons et de la nourriture. Un chargement qui peut atteindre les 100 kilos et qui mesure plusieurs mètres de haut. Construit par ses propres soins, le harnachement qui lui permet d’acheminer ce paquetage est rudimentaire : une armature en lattes de bois et, en guise de bretelles, de vieux tuyaux d’incendie. Corps sec et tout en muscles, visage anguleux : les années de dur labeur en montagne se reflètent dans la physionomie de Števo. Le porteur aime d’ailleurs à rappeler que peu de gens sont faits pour ce métier. Adepte de la marche en solitaire, il suit un rythme méditatif qui n’appartient qu’à lui pour venir à bout de cette servitude volontaire. En à peine trois heures, il a parcouru les 1 000 mètres de dénivelé qui le séparent du refuge Zbojnicka, situé à près de 2 000 mètres d’altitude. L’arrivée est toujours un moment particulier, mélange d’épuisement et d’accomplissement.

Reportage (Allemagne, 2023, 31mn)