Le mythe du déluge : une catastrophe universelle

Pendant quarante jours et quarante nuits, le ciel déversa ses eaux sur la terre, provoquant une inondation qui anéantit toute vie, à l’exception d’un couple de chaque espèce animale et d’une famille humaine : Noé et ses fils. Seuls eux trouvèrent grâce aux yeux de Yahvé et échappèrent à la colère divine.

Ce récit du Déluge, tiré du sixième chapitre de la Genèse, trouve des similitudes étonnantes dans de nombreuses mythologies à travers le monde.

Le Déluge dans différentes mythologies

Le Déluge est en effet loin d’être une spécificité biblique. On le retrouve dans des récits sumériens, mésopotamiens, grecs, ainsi que dans les mythologies hindoue, scandinave et maya.

Le texte sumérien est le plus ancien connu, faisant probablement référence à une tradition encore plus ancienne. Ici, le Déluge dure seulement sept jours et sept nuits, et Noé, le « conservateur de la semence de l’humanité », porte le nom de Ziusudra.

Ce texte a sans doute inspiré l’Épopée de Gilgamesh, un récit de la mythologie mésopotamienne, trouvé dans la bibliothèque d’Assurbanipal.

La Grèce reprendra ce mythe dans l’histoire de Deucalion, transmise par Pindare, Ovide et Aristote.

L’origine commune des mythes du Déluge

Certains ont même suggéré que l’épisode de l’Atlantide, mentionné par Platon, pourrait être une version modifiée de cette catastrophe.

En réalité, tous ces mythes pourraient avoir une origine commune, Sumer et la Mésopotamie en étant le berceau. Abraham n’était-il pas mésopotamien ? La captivité de Babylone a sans doute permis l’échange et l’appropriation de mythes.

Les Grecs, dont la mythologie regorge de divinités orientales, auraient également pu s’approprier ce mythe. Les mythes hindou et scandinave relatent la survie du premier homme ou du premier couple après le Déluge, confirmant l’origine commune des mythologies indo-européennes, défendue par Georges Dumézil.

La question du mythe maya demeure toutefois intrigante, étant donné l’absence d’interpénétration culturelle évidente.

Le récit des Guaranis et les sources aztèques et mayas

Le père Charlevoix, explorateur de l’Amérique du Sud au XVIIIe siècle, rapporte un récit issu de la mythologie des Guaranis, un peuple du Paraguay : les Guaranis auraient survécu au déluge universel grâce à Tammanduaré, un vieux prophète qui les abrita au sommet d’un immense palmier, leur fournissant nourriture et abri.

Des représentations de la destruction du monde par les eaux se trouvent également dans le Codex Dresdensis d’origine aztèque et dans le Popol Vuh, le plus ancien document maya.

L’universalité du mythe du Déluge

L’universalité du mythe du Déluge est ainsi établie. La question demeure de savoir s’il s’agit simplement d’un mythe ou d’un événement historique réel.

De nombreux chercheurs et historiens se sont penchés sur cette question, tentant de déterminer si le mythe du Déluge pourrait correspondre à un événement réel ayant marqué les mémoires de différentes civilisations.

Certaines hypothèses suggèrent qu’un événement géologique majeur, comme la fonte rapide des glaciers à la fin de la dernière ère glaciaire, aurait pu provoquer des inondations catastrophiques dans différentes régions du monde. Ces inondations auraient été suffisamment impressionnantes pour marquer les esprits et engendrer des récits transmis de génération en génération.

D’autres théories se basent sur des découvertes archéologiques, comme celles de cités englouties en Méditerranée, pour soutenir l’idée d’un cataclysme naturel ayant détruit des civilisations anciennes.

Toutefois, aucune preuve irréfutable n’a été apportée pour confirmer l’existence d’un déluge universel ayant eu lieu à une époque précise de l’histoire humaine.

En fin de compte, il est difficile de démêler les faits historiques des légendes et des mythes. Il est possible que le récit du Déluge soit inspiré d’événements réels, mais également embelli et transformé au fil du temps et des transmissions culturelles.

Conclusion : un récit fascinant et universel

Quoi qu’il en soit, le mythe du Déluge reste un récit fascinant et universel, témoignant de la capacité des êtres humains à conserver et partager des histoires qui traversent les âges et les frontières culturelles.