Antoine Laurent de Lavoisier, en bref

Le folklore scientifique affirme que le père de la chimie contemporaine est Antoine Laurent de Lavoisier, dont les travaux ont éclipsé l’alchimie.

Cette idée le dépeint comme un révolutionnaire solitaire, luttant contre un établissement uni en opposition, et l’auteur de la célèbre loi « rien ne se perd, rien ne se crée ». Bien qu’il ait indéniablement joué un rôle majeur dans la déconstruction de la théorie du phlogistique, il est peu plausible qu’il ait été à l’origine de la « loi de Lavoisier ».

Selon certains chercheurs en histoire, il était plutôt un érudit bien reconnu au sein de la communauté scientifique, avec ses supporters et ses détracteurs. Néanmoins, l’impact des découvertes de Lavoisier sur l’évolution de la chimie est indéniable.

Jeunesse et éducation

Né en 1743 à Paris, Antoine Laurent de Lavoisier est le descendant d’un avocat du Parlement. Orphelin de mère à un âge précoce, lui et sa sœur cadette sont élevés par leur grand-mère maternelle et ensuite par leur tante célibataire.

Il poursuit sa formation académique au collège Mazarin, où il est récompensé pour son éloquence en français en 1760. Par la suite, il s’inscrit à la faculté de droit et entame une carrière au Barreau de Paris après l’obtention de son diplôme en 1764.

Carrière scientifique

Cependant, sa fascination pour les sciences le mène à fréquenter le laboratoire de chimie de Guillaume Rouelle, à suivre des cours de mathématiques et d’astronomie de l’abbé Nicolas Lois de la Caille, et à assister aux conférences de Bernard de Jussieu.

Sa passion pour les sciences l’amène à accompagner le naturaliste Jean Guettard dans ses voyages autour de Paris pour réaliser l’Atlas minéralogique de la France. À l’âge de 23 ans, il est récompensé par une médaille d’or de l’Académie des sciences et en devient membre en 1768.

Engagement dans la vie publique

Malgré son attrait pour les sciences, Lavoisier devient l’assistant du fermier général Baudon. En 1771, il épouse la fille d’un collègue et devient fermier général lui-même huit ans plus tard. Pendant ce temps, Lavoisier est nommé régisseur des poudres et salpêtres.

Travaux scientifiques

C’est dans son laboratoire de l’Arsenal que Lavoisier commence ses premières expérimentations en chimie. En utilisant systématiquement la balance, il commence des travaux sur la combustion en 1774.

Cette année-là, il calcine de l’étain dans un vase clos et observe que la masse totale reste constante. Trois ans plus tard, il répète son expérience avec du mercure. Cette expérience emblématique lui permet d’analyser l’air, d’identifier l’oxygène et l’azote et de reconstituer l’air à partir de ces deux éléments.

Lavoisier s’efforce aussi de modifier les nomenclatures chimiques. En effet, la chimie de l’époque est parsemée de termes pittoresques, complexes et peu précis. Safran de Mars, fleur de bismuth, beurre d’arsenic, kermès minéral, cristaux de Lune sont autant de noms compliqués à utiliser et qui ne reflètent pas la véritable nature des substances qu’ils définissent.

Lavoisier et la Révolution française

En 1789, Lavoisier publie le Traité élémentaire de chimie qui expose la nouvelle nomenclature chimique élaborée deux ans auparavant et contribue à l’enseignement de la chimie au grand public.

Avec ce traité, Lavoisier souhaite à la fois présenter une vue d’ensemble de la chimie de façon exhaustive et cimenter la révolution chimique en formant de nouveaux chimistes. Durant cette période de bouleversements, Lavoisier partage l’enthousiasme populaire.

Mais en 1793, après la suppression de l’Académie, la Convention ordonne l’arrestation de tous les fermiers généraux et Lavoisier se constitue prisonnier. Il est alors jugé par le Tribunal révolutionnaire et, le 8 mai 1794, il est condamné à mort et guillotiné.

Le lendemain, le mathématicien Joseph Louis Lagrange (1736-1813) déclare : « Un instant a suffi pour faire tomber cette tête, et peut-être cent ans ne suffiront-ils pas pour en produire une autre de même calibre. »