Avant de devenir «la fille qu’on épingle» sur les murs des chambrées de garçons, la demoiselle, dont le maillot de bain suggérait sans la montrer la générosité de la nature, est née sous le pinceau d’abord, l’objectif ensuite des artistes européens, tout occupés à vanter les charmes du music-hall ou des bains de mer. La guerre a beaucoup fait pour elle. Le premier conflit mondial a permis aux soldats américains de la découvrir dans les tranchées et de la ramener aux Etats-Unis, le second l’a vu libérer l’Europe et les moeurs à la suite des troupes d’Eisenhower et dans une version nettement plus provocante, quoique toujours habillée. Paradoxalement, la pin-up a succombé sous les coups conjugués des féministes et des pornographes au dessein tout opposé de montrer ce que la pin-up mettait tant de fausse ingénuité à cacher. La pin-up, aujourd’hui, semble rêver à son innocence perdue.