Que signifie dire non à la maternité dans une société qui croit que toutes les femmes veulent des enfants ? Depuis le lycée, la réalisatrice Therese Shechter sait qu’elle ne désire pas d’enfant. Soutenue par sa famille, elle s’interroge néanmoins : comment vit-on ce choix dans un monde où la maternité est survalorisée ? Regardant en arrière, elle passe en revue des décennies de discours natalistes, de chasse aux sorcières, de stérilisation refusée ou forcée selon la couleur de peau, montrant aussi la contestation que ces abus n’ont cessé d’alimenter. Elle donne également la parole à de nombreuses femmes « child free » (sans enfant par choix), qui se font un plaisir de déconstruire le discours de la maternité triomphante. Sociologue, professeure à l’université ou journaliste, nombre d’entre elles ont abondamment étudié la question. Plusieurs Afro-Américaines témoignent, et l’une d’elles note la pression supplémentaire qu’elles subissent : “On voit les femmes de couleur comme des soignantes, des nounous. On s’attend à ce qu’elles soient naturellement maternelles”, pointe Dawn.

“Shut up the Fucking Parents”

Posts béats de vidéos de tests de grossesse positifs, cigognes à gogo, extraits de séries ironiques ou premier degré : la maternité fait tellement sa publicité, elle est si ancrée dans nos vies, qu’elle fournit généreusement l’iconographie pop qui dynamise ce réjouissant documentaire à la première personne. Si les femmes interrogées dressent un portrait édifiant d’une société sexiste et obsédée par la reproduction – qui, au mieux, les somme de se justifier, au pire, les juge égoïstes, perverses et haïssant les bambins –, elles font preuve d’une tranquille détermination pour épingler ses travers et tracer leur route. Blair Koenig a créé le blog “Shut up the Fucking Parents” pour tourner en dérision la déferlante des parades familiales sur les réseaux sociaux et le « mommy jacking », cette façon d’orienter la conversation, quel qu’en soit le sujet, pour se vanter d’avoir des enfants. Deux lesbiennes en couple s’inventent, elles, une fin de vie collective et solidaire, histoire de faire mentir le sempiternel “Mais qui va s’occuper de toi quand tu seras vieille” ? Le mot de la fin revient à la sociologue Orna Donath qui, à propos des regrets qui menaceraient les tenantes du child free, déclare : “Je ne m’imagine pas devenir mère et être malheureuse trois décennies durant, pour la seule raison que peut-être, à 70 ans, je regretterai de ne pas avoir eu d’enfant !”

Disponible jusqu’au 07/03/2025