L’École Nationale de la Magistrature, une institution, une pépinière d’élite, mais aussi un monde méconnu du grand public.
Chaque année, 200 élèves sortent de cette école prestigieuse pour devenir juge ou procureur. Un pouvoir souvent controversé : aujourd’hui, deux Français sur trois disent craindre les juges. Berthille, Youssef, Charlotte et Juliette ont à peine 25 ans et s’apprêtent à prendre des responsabilités écrasantes.
Demain, président de cour, juge pour enfants, substitut du procureur, ce sont eux qui nous jugeront. Ils rendront des décisions « au nom du peuple français ».
Des décisions qui peuvent changer le cours d’une existence, parfois violentes, jamais faciles.
Ces apprentis magistrats ont trois ans pour apprendre à écouter, sanctionner incarcérer ou encore libérer, à juger tout simplement.
Qui sont ces jeunes appelés à devenir les personnes les plus puissantes et les plus seules de France ? Qui sont ces jeunes qui décident d’endosser de telles responsabilités ?
Qui sont ceux qui s’apprêtent à instruire des affaires criminelles ou encore à juger de divorces ou à décider de la garde des enfants, alors qu’ils n’ont pas encore 30 ans?
Pour répondre à ces questions, pendant près d’un an, nous avons suivi 4 élèves magistrats à différents stades de leur formation. Youssef et Berthille qui viennent d’entrer à l’école et vont passer 8 mois à approfondir leurs connaissances juridiques tout en alternant avec des stages sur le terrain. Charlotte et Juliette, elles sont en deuxième année et viennent de quitter le cocon des salles de classe de l’ENM pour se plonger brutalement dans l’univers et les drames  des tribunaux. Elles fantasmaient la justice, désormais elles vont devoir la vivre. Première salle d’audience, première confrontation avec la misère, premier face à face avec le crime. Pendant plus d’un an, elles découvrent que le plus beau métier du monde est aussi l’un des plus dur.  Juliette au Tribunal de Melun et Charlotte à Valence. Nous les avons suivi à l’école, auprès des juges, dans les commissariats, les salles d’autopsie et dans les prisons.
Nous avons vécu leurs doutes, leurs espoirs, leurs désillusions, au fil des jours des mois. Au fil des jours, ils quittent leur vie d’étudiant pour se fondre dans la peau du juge et obtenir  leur « Permis de juger », de nous juger.