Le nouvel « État français » naît le 10 juillet 1940 à Vichy, dans le théâtre du Grand Casino.

En quelques jours, l’hôtel du Parc, le Majestic, le Portugal, établissements de luxe typiques du Vichy d’avant-guerre, deviennent le siège d’un régime auquel la petite ville d’eau va donner son nom. Les modalités de la collaboration avec le régime nazi ont été fixées dès le mois de juin. Les hôtels deviennent ministères et résidences parlementaires, avant que la Gestapo et son auxiliaire, la Milice, n’aménagent leurs cachots au Portugal et au Petit Casino.

Sur place, les réalisateurs ont retrouvé des hommes et des femmes qui, dans leur jeunesse, ont pu regarder vivre ce petit monde poisseux de la « Révolution nationale ». Deux de ces témoins, parce que juifs, y vécurent comme des proscrits ; l’un s’engagea dans la résistance, l’autre figura parmi les avocats de Laval à son procès, une cinquième était la fille d’un parlementaire du régime. À travers leur parole, c’est l’histoire de la collaboration et de la résistance qui s’écrit, avec ses ambiguïtés et ses engagements.

Promenades, saluts, embrassades d’enfants joufflus… Pétain demeure dans la mémoire de nombreux Vichyssois comme un père et ce documentaire révèle la force insoupçonnée de son mythe dans les mémoires françaises. Se rappeler Vichy, c’est mélanger rêves, cauchemars et réalité, à la manière dont L’année dernière à Marienbad, d’Alain Resnais, fait perdre pied dans les eaux troubles de la mémoire. Avec ce passé qui semble nous attendre dans les allées paisibles de la ville, Bertrand de Solliers fait surgir le malaise palpable suscité par l’époque.

L’année dernière à Vichy
Réalisateurs : Bertrand de Solliers, Paule Muxel
Producteurs : JULIANTO , ARTE FRANCE
©ARTE