Le chant corse est traditionnellement polyphonique. La Corse a toujours voué une grande passion au chant qui depuis des siècles rythme la vie quotidienne sur l’île de Beauté.

L’origine du chant polyphonique

La musique corse qui subit l’influence des chants grégoriens au Moyen-Age semble tirer son origine depuis la nuit des temps. Tradition insulaire ancestrale, le chant polyphonique se transmettait de génération en génération. Il est le chant de la vie, qui rythmait jadis les saisons. On raconte ainsi que les bergers avaient pour habitude de chanter des «paghjelle» lors de leurs longs séjours en montagne. Ces chants narraient la vie quotidienne de ces pâtres puis devinrent par la suite, un vecteur de culture, d’histoire et de tradition du peuple corse. Depuis toujours, la vie des insulaires, ses joies et ses peines est chantée dans ces chants séculaires, on y retrouve également les récits chantés des batailles et des faits d’armes, l’exil, la guerre comme la plus meurtrière de 1914/1918, mais aussi des textes littéraires et des chants religieux. Chants sacrés, chants d’église ou profanes, les chants polyphoniques restent malgré tout souvent empreints de mélancolie.

Aujourd’hui encore, les chants polyphoniques sont le moyen de transmettre et faire passer les idées et les valeurs qui sont l’essence même du peuple corse mais aussi la manière de véhiculer idées et opinions sur le monde extérieur. On citera pour exemple le chant célèbre du groupe Canta u Popolu Corsu qui interprète « Surella d’Irlanda » dont les paroles dénoncent les problèmes liés à l’occupation anglaise en Irlande du Nord.

Les différents chants polyphoniques

Il existe quatre grandes familles de chants polyphoniques. « U Lamentu » qui est un chant triste, une complainte sensée retracer un événement douloureux, les « Terzetti » qui sont de vieux chants datant du moyen-âge et les « Paghjelle » qui regroupent la plupart des chants traditionnels et sacrés. La paghjella, est devenue un chant de fête entonné lors de manifestations et d’occasions heureuses. Enfin, les « Chjam’è Rispondi » sont des chants basés sur des dialogues chantés utilisés autrefois par les bergers qui conversaient sur ce mode d’une montagne à une autre.

On doit faire la distinction entre le chant monodique, chanté par une seule personne, et le chant polyphonique, chanté par au moins 3 voix. C’est cette dernière forme qui est la plus représentative du chant corse. Les voix qui le composent sont «a siconda», «u bassu», «a terza» qui sont respectivement, la voix principale, le baryton, puis la voix la plus basse et la plus grave, et enfin la voix de tierce, la voix la plus haute des trois voix du groupe.

Quelques polyphonies célèbres

Le chant le plus célèbre qui est devenu, depuis 1735, l’hymne du peuple corse, est sans nul doute «Diu Vi Salvi Regina» que l’on traduira par « Dieu sauve la Reine » qui, à l’origine, est un chant d’église. On ne peut parler de chants polyphoniques sans citer des groupes célèbres comme Canta U Populu Corsu, I Muvrini, Barbara Furtuna, L’Alba, Tavagna, A Filetta, Voce Ventu, I Chjami Aghjalesi …..
Il n’est pas nécessaire d’être Corse pour succomber au charme des polyphonies. Le profane peut connaître cet art ou le découvrir davantage au moyen des nombreuses compilations qui sortent tous les ans. Il pourra à cette occasion en découvrir les différentes facettes et porter son choix et son goût sur un groupe plus particulier.