À travers les parcours d’une trentaine d’hommes et de femmes, Patrick Rotman (« Goulag, une histoire soviétique ») reconstitue le puzzle de la Résistance. Une fresque magistrale, tissée d’images et de témoignages d’archives, de documents méconnus et de reconstitutions en animation. 

À l’été 1940, la France est vaincue. Si certains refusent la capitulation, l’immense majorité des Français se rangent derrière le maréchal Pétain, qui a demandé l’armistice. L’appel à la résistance d’un général inconnu, Charles de Gaulle, le 18 juin sur les ondes de la BBC, pousse Jeanne Bohec, Daniel Cordier ou encore Gilbert Renault, alias le colonel Rémy, à rejoindre Londres. Ce dernier créera l’un des premiers réseaux de renseignements sur le sol français. De petits groupes se constituent en parallèle, qui diffusent des tracts, feuilles et journaux clandestins. En zone occupée, le syndicaliste Christian Pineau fonde Libération-Nord, tandis que Philippe Viannay, avec le soutien d’Hélène Mordkovitch, lance Défense de la France. En zone libre, un groupe baptisé « La Dernière Colonne » (futur Libération-Sud) se constitue autour d’Emmanuel d’Astier de la Vigerie, avec le philosophe Jean Cavaillès et les époux Aubrac. À Lyon, Henri Frenay et Berty Albrecht créent ce qui deviendra Combat, pendant que Jean-Pierre Levy pose les bases de Franc-tireur. Les forces de sécurité du Reich prennent rapidement la menace au sérieux et recrutent des agents doubles. Infiltré, le réseau du musée de l’Homme, auquel participe l’ethnologue Germaine Tillion, est démantelé début 1941. Lui aussi trahi, Honoré d’Estienne d’Orves, l’un des premiers agents de la France libre, est fusillé en août.

Destins entrelacés 

La Résistance ne fut pas une, mais plurielle. De la débâcle à la Libération, des embryons d’organisations à la difficile unification sous l’égide du général de Gaulle, Patrick Rotman restitue cette hétérogénéité en entrelaçant les destins d’une trentaine d’hommes et de femmes, chefs et fantassins de l’armée des ombres. Composée de témoignages, souvent poignants, de résistants – à l’instar d’une archive où Christian Pineau raconte avoir rasé Jean Moulin, affreusement torturé, à la prison de Montluc –, d’images rares de la France occupée, de documents méconnus (lettres, rapports, fiches d’agents infiltrés…) et de remarquables reconstitutions en animation d’épisodes clés – d’une réunion sous tension entre Frenay et Moulin à l’attentat du métro Barbès –, cette fresque aussi dense que passionnante explore trois facettes d’une même histoire : celle des mouvements et réseaux clandestins, celle de leur relation avec l’opinion française, et celle de la répression orchestrée par l’occupant et le régime de Vichy.

Résistances
Série documentaire de Patrick Rotman (France, 2020, 55mn)
Disponible jusqu’au 24/06/2023

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