Jean-Paul Sartre : lumière du XXe siècle

Indéniablement, Jean-Paul Sartre, avec son éclatante perspicacité et sa vision avant-gardiste, a réussi à transformer la façon dont sa génération percevait le monde. L’engagement de ce philosophe remarquable a eu un impact considérable, et il est incontestable qu’il a éveillé l’intérêt de ses contemporains. Découvrons ensemble ce virtuose du XXe siècle.

Jean-Paul Sartre : le pétillant provocateur

Lorsqu’il est question de philosophie, il est presque impossible d’éviter d’évoquer Jean-Paul Sartre. Né le 21 juin 1905 à Paris, Jean-Paul-Charles-Aymard Sartre, unique enfant d’une famille aisée, perd son père en bas âge à cause de la fièvre jaune. Sa figure paternelle sera dès lors son grand-père.

Vivant avec sa mère chez ses grands-parents, il est plongé dans un environnement familial doux jusqu’au remariage de sa mère en 1917. Dès lors, sa vie bascule : il déteste son beau-père et découvre la dureté du monde adolescent.

Cependant, c’est dans ce contexte difficile qu’il se forge une personnalité singulière, oscillant entre le facétieux et le prodige. Il entre à l’École normale supérieure en compagnie de son ami de longue date, le futur écrivain Paul Nizan.

En grand provocateur, Sartre s’engage dans diverses activités, allant de l’interprétation d’un sketch antimilitariste à la signature d’une pétition contre une loi menaçant la liberté d’opinion en temps de guerre. Parallèlement, il ne néglige pas son apprentissage, se plongeant dans des livres variés.

Malheureusement, lors de sa première tentative, il échoue à l’examen d’agrégation de philosophie. C’est pendant cette période qu’il fait la rencontre de Simone de Beauvoir, qui deviendra une compagne indéfectible jusqu’à sa mort. L’année suivante, ils réussissent tous deux l’agrégation, Sartre en tête, suivi de Beauvoir.

Enseignant au lycée du Havre, Jean-Paul Sartre doit alors faire face à une réalité qu’il avait toujours méprisée : une existence paisible et monotone en province. Cependant, malgré son mépris pour cette vie provinciale, il se révèle être un professeur exceptionnel.

Après plusieurs refus d’éditeurs, il parvient finalement à publier « La Nausée », son premier roman, chez Gallimard en 1938. Il rate de justesse le prix Goncourt.

L’activiste inébranlable

Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, Jean-Paul Sartre est mobilisé à Nancy. Ce bouleversement transforme radicalement sa vision du monde, le faisant passer de l’anarchisme au militantisme. Il se met à écrire intensément, consacrant presque douze heures par jour à cette activité.

Capturé, il est interné dans un camp de prisonniers en Allemagne, où il découvre la valeur de la solidarité et s’engage activement dans la vie communautaire. Libéré en 1941, il décide de s’impliquer dans la Résistance, à la fois par l’intermédiaire d’un groupe – Socialisme et Liberté – et par ses écrits.

Il publie « Les Mouches », un appel vibrant à résister à l’oppression. Il écrit ensuite « L’Être et le Néant » et « Huis clos ». Le succès commence à lui sourire. En 1945, il fonde « Les Temps Modernes », une revue dans laquelle il diffuse ses idées existentialistes, créant ainsi un nouveau genre de philosophe : engagé et en phase avec son époque.

Pendant les années 60, sa philosophie et sa santé commencent à décliner. En 1964, il refuse le prix Nobel, comme il avait refusé la Légion d’honneur et un poste au Collège de France. Malgré cela, il continue de militer : il soutient l’indépendance de l’Algérie, la révolution cubaine, condamne la guerre du Vietnam, ce qui le rend cible de diverses forces secrètes.

Il milite contre la torture et pour la liberté des peuples. Jean-Paul Sartre devient une figure majeure de Mai 68, portant la voix de la rue à travers les journaux. Malgré des problèmes de santé, il continue de militer, cherchant cette fois à trouver une solution au conflit israélo-palestinien.

Il meurt le 15 avril 1980 à l’âge de 75 ans des suites d’un œdème pulmonaire. Plus de 50 000 personnes assistent à son enterrement. Il sera rejoint en 1986 par celle qui a partagé sa vie, Simone de Beauvoir.

Jean-Paul Sartre : l’existentialiste

Jean-Paul Sartre, en sa qualité de philosophe et d’écrivain, a fondé l’école philosophique de l’existentialisme. Selon Sartre, chaque individu est unique. Notre conscience nous rend maîtres de nous-mêmes, de nos actions, de notre destin et de nos valeurs.

Dans « L’Être et le Néant », il identifie trois manières d’être : l’être en-soi (un objet inanimé « est »), l’être pour-soi (la conscience) et l’être pour-autrui (le regard de l’autre qui transforme le pour-soi en en-soi).

Lors de sa conférence « L’existentialisme est un humanisme », il explique que l’homme est libre, en grande partie parce que Dieu n’existe pas, de se définir par lui-même. La liberté, cependant, implique la responsabilité.

Selon Sartre, l’humanité dépend de l’homme et non de Dieu. Par conséquent, nous sommes responsables de nos actes. Nier cela, c’est être de « mauvaise foi ».

Ainsi, avec l’existentialisme, Jean-Paul Sartre s’oppose au déterminisme qui voudrait que l’homme soit le jouet du destin. La seule chose qui peut restreindre la liberté de l’homme est le regard de l’autre, comme le déclare clairement la célèbre phrase de clôture de « Huis Clos » : « L’enfer, c’est les autres ».

Ainsi, dans cette pièce, les trois personnages doivent subir les conséquences de leurs actes et même de leur non-acte pour l’éternité. L’enfer véritable est d’avoir à supporter le regard de l’autre. Les personnages s’opposent mais deviennent finalement inséparables et interdépendants. Comme le dit l’un des personnages : « Le bourreau, c’est chacun de nous pour les deux autres ».