Alors c’est fait : pour la cinquième fois seulement de son histoire, la Suisse va confier à une commission d’enquête parlementaire, une CEP, la mission de faire toute la lumière sur les faits de grande portée, qui ont conduit à la chute de la deuxième banque du pays, le Crédit suisse, et son rachat par UBS.

Cette mesure est aussi exceptionnelle par la symbolique qu’elle incarne. Les représentants du peuple vont enquêter à fonds sur les décisions du gouvernement, du Conseil fédéral. Et bien sûr, des responsables de banques et des autorités de surveillance. Comme l’ont résumé certains députés, il s’agit de savoir comment on en est arrivé là et qui savait quoi. Certains ont évoqué un devoir historique, que l’on doit aux générations futures.

Fait notable, la création de cette commission a été votée à la parfaite unanimité des voix au Conseil national, 189 voix à zéro, tous partis confondus. C’est que l’indignation des députés est le miroir de celle du peuple, de nous tous. Alors pour bien comprendre les enjeux, Isabelle Ducret et Wilfred Rebetez vous proposent de revenir sur les faits, minute par minute. C’est l’histoire d’un paquebot en perdition, sur une mer agitée, piloté par des capitaines ivres de cupidité.

Sachez encore qu’il s’est trouvé quand même cinq sénateurs pour s’opposer à la création d’une Commission d’enquête parlementaire, lors du vote au Conseil des Etats, la chambre des Cantons, il y a une semaine. C’est le Président de la petite chambre lui-même, le libéral radical de Glaris Thomas Hefti, qui a mené la fronde, estimant que la CEP n’était pas nécessaire. Raté, puisque le Conseil des Etats a suivi le Conseil national par 37 voix contre 5.

Un reportage de Isabelle Ducret et Wilfred Rebetez