Un an après sa première session USI, André Comte-Sponville nous présente la fin de ses réflexions entre le sens du travail, le bonheur et la motivation de ses salariés. André reprend les théories de Platon, Spinoza et Schopenhauer pour nous faire part de sa vision, nous indiquant entre autres qu’un bon manager n’est pas celui qui est aimé de ses collaborateurs, mais plutôt celui qui crée les bonnes conditions pour que ces derniers aiment leur travail.
Pourquoi travaille-t-on ? se demande pour sa part le philosophe André Comte-Sponville qui conclut cette session. Pour satisfaire nos désirs et pour être heureux, estime-t-il, d’où son alerte: il y a urgence à traiter l’autre humainement c’est-à-dire comme le sujet de ses désirs. Un manager est d’abord un professionnel du désir de l’autre : quand l’autre est le client, c’est du marketing, quand
l’autre est le salarié, c’est du management. Le salaire est un critère pour recruter mais pas pour garder la motivation. La vraie motivation au travail, c’est le plaisir. Le paradoxe, c’est que le but
prioritaire de l’entreprise n’est pas le bonheur du salarié. Mais un salarié heureux est un collaborateur productif : c’est une inversion gagnant-gagnant du rapport moyen-fin. Mais attention, avertit le philosophe, l’éthique d’entreprise n’est pas une morale, elle ne parle pas d’amour ni de générosité, elle mettra plutôt en avant des objectifs comme l’efficacité ou la productivité qui ne sont pas des valeurs morales. Dans le monde des technologies, qui ajoute sa propre accélération à celle de l’environnement, il faut faire attention à ne pas confondre l’accélération du temps technique et la très sage lenteur de l’esprit : « Montaigne ou Spinoza ont moins vieilli que l’hebdomadaire que vous lisiez il y a quinze jours. » conclut le philosophe.