Comprendre l’ivresse des profondeurs

L’ivresse des profondeurs peut sembler être le nom d’un cocktail, mais c’est en réalité un phénomène bien plus complexe et mystérieux. Comment et pourquoi se manifeste-t-il uniquement à certaines profondeurs ?

Comprendre les pressions en plongée

Lorsqu’un plongeur s’enfonce sous l’eau, il subit la pression exercée par le poids de l’eau au-dessus de lui. Plus il descend, plus la pression augmente. En plongée, la pression s’accroît d’environ 1 bar tous les 10 mètres.

Ainsi, un plongeur à 30 mètres de profondeur est soumis à une pression de 4 bars : 1 bar pour la pression atmosphérique et 3 bars de pression hydrostatique (pression due au poids des 30 mètres d’eau).

Le rôle des gaz

Les pressions rencontrées en plongée ont un effet spécifique sur les gaz respirés par le plongeur. Ces gaz se comportent comme des gaz parfaits, sans interaction entre leurs molécules. La loi de Dalton stipule que la pression totale est égale à la somme des pressions partielles exercées par chaque gaz du mélange respiré.

Par exemple, un plongeur qui respire de l’air (composé d’environ 80% d’azote et 20% d’oxygène) à 30 mètres de profondeur (4 bars de pression) va inspirer de l’azote avec une pression de 3,2 bars (80% de 4 bars) et de l’oxygène avec une pression de 0,8 bar (20% de 4 bars).

L’origine de l’ivresse des profondeurs

L’ivresse des profondeurs est provoquée par la toxicité de l’azote, qui se dissout dans les tissus nerveux de l’organisme, au-delà d’une certaine pression partielle.

Ce phénomène est également appelé narcose à l’azote. On estime que les risques de narcoses sont réels pour des sujets très sensibles à partir d’une pression partielle de 3,2 bars. C’est pourquoi la réglementation française fixe la profondeur maximale de plongée à l’air à 60 mètres (soit une pression partielle d’azote de 5,6).

Les symptômes de l’ivresse des profondeurs

L’ivresse des profondeurs entraîne des troubles du comportement. Les effets de la narcose aux gaz inertes sont extrêmement dangereux, car ils provoquent une sensation d’euphorie et de bien-être, inhibent le jugement, réduisent la coordination et causent une perte de motricité.

À des profondeurs encore plus importantes, la perte de connaissance devient inévitable.

Des alternatives pour plonger plus profondément

Pour plonger à de plus grandes profondeurs sans subir les effets de l’ivresse des profondeurs, certains plongeurs utilisent des mélanges gazeux différents de l’air ambiant. Ces mélanges permettent de diminuer les effets de la narcose en utilisant des gaz moins toxiques que l’azote pour une pression identique.

Parmi ces mélanges, on distingue notamment :

  • Le nitrox : un mélange enrichi en oxygène qui réduit la proportion d’azote.
  • Le trimix : composé d’azote, d’hélium et d’oxygène, il permet de diminuer la quantité d’azote inhalée.
  • L’hydréliox : un mélange d’oxygène, d’hélium et d’hydrogène qui permet de plonger jusqu’à 300 mètres de profondeur.
  • L’hydrox : un mélange d’hydrogène et d’oxygène qui, selon les dernières expériences, pourrait permettre de descendre jusqu’à 700 mètres.

En conclusion, l’ivresse des profondeurs est un phénomène complexe et dangereux qui se manifeste lors de la plongée à des profondeurs importantes. La compréhension des pressions et des gaz impliqués est essentielle pour minimiser les risques associés à ce phénomène. L’utilisation de mélanges gazeux alternatifs permet aux plongeurs d’explorer des profondeurs plus importantes tout en évitant les effets néfastes de l’ivresse des profondeurs.