La République Démocratique du Congo, un pays quatre fois plus grand que la France. Si vous voulez voyager de la capitale, Kinshasa, à Kisangani, la troisième plus grande ville, il n’y a pas de route. Il ne reste que l’avion ou le bateau. Un voyage de 1 750 kilomètres le long du Congo, le plus grand fleuve d’Afrique, mais surtout l’un des plus dangereux au monde ! Le Gbermani assure un lien régulier entre les deux villes. Comme tous les autres bateaux sur le fleuve, celui-ci est spécial ; il voyage en convoi, poussant des barges remplies de marchandises et de passagers. Il n’est pas très grand, mais il est équipé de deux moteurs ultra puissants qui lui permettent de pousser deux barges et deux canots. C’est une véritable ville flottante. Un convoi de 1 500 personnes, livrées à elles-mêmes, sans eau, électricité, restaurants, médicaments ou pharmacie. Le long du fleuve, les bouées et les balises de navigation ont depuis longtemps disparu. Le bateau doit naviguer à vue, en se fiant à une vieille carte datant de la colonisation belge, ainsi qu’à l’instinct et à l’expérience du capitaine. Et de nombreux dangers guettent ce bateau. Il y a les jacinthes d’eau, menaçant de bloquer les pales de l’hélice à tout moment, les pannes mécaniques fréquentes sur ces vieux bateaux, ou les bancs de sable où le bateau peut s’échouer, etc. À bord des barges, un passager – une infirmière diplômée – tente de soigner les enfants et en particulier un homme qui s’est ouvert le pied dans un accident. Elle dispose de peu de médicaments et pas d’anesthésiques. Aidée par d’autres passagers, elle opère l’homme en pleine conscience dans le but de sauver son pied. De l’autre côté de la médaille, il y a aussi des événements heureux, comme la naissance d’un enfant, baptisé Gbermani, d’après le bateau. Un voyage de deux semaines qui s’étend à plus d’un mois sur la rivière du péril.

Auteurs : Daniel Lainé, David Geoffrion