Le litre de gasoil atteint 2 euros dans certaines stations. Le prix de l’essence flambe, les Français sont fous de rage, et le réservoir de leur voiture est devenu un coffre-fort. Comment faire le plein lorsqu’on n’en a pas les moyens ? C’est la débrouille, plus ou moins légale. Quelque 8 630 affaires de « filouterie » liées au vol d’essence ont été traitées l’an dernier par la justice. En ville, les ventes de boîtiers « Flex fuel » explosent. Pour quelques centaines d’euros, ce dispositif permet aux véhicules essence de rouler à l’éthanol, qui coûte environ 0,70 euro le litre. A la campagne, on fait en cachette le plein de « rouge », le fioul domestique, beaucoup moins cher car moins taxé. Même si c’est interdit ! Plus malin : des hackers vendent sur Le Bon Coin des télécommandes qui permettent de pirater les pompes à essence. Ou comment discrètement remplir son réservoir pour zéro euro le litre. Ce sont aussi les professionnels de la rapine, ces voleurs qui la nuit siphonnent les poids lourds et engins de chantier. C’est devenu si fréquent que certains chauffeurs préfèrent laisser leur réservoir ouvert plutôt que de se le faire fracturer. Mais il n’y a pas que les petites combines : le vol et trafic d’essence sont devenus si rentables que le crime organisé s’y est plongé. Aujourd’hui, en Italie, un plein sur dix vient du trafic de pétrole libyen. En Grèce, c’est 20% du carburant vendu dans les stations-service qui est illégal. Contrebande, pipe-lines percés et piratés ou détournement de navires remplis de carburant : les mafias ne reculent devant rien. Au total, le marché noir de produits pétroliers pèse 120 milliards d’euros par an. Du voleur occasionnel aux gangs organisés et au trafic international de carburant, « Complément d’enquête » s’immerge dans ce liquide qui rend fou. Un documentaire Un documentaire réalisé par Irène Bénéfice, Thomas Lelong et Louis Milano-Dupont.