Une friche à l’oubli à l’entrée de la ville de Besançon (Doubs). Abandonnée depuis plus de 30 ans, elle attire graffeurs et historiens. Autrefois lieu de travail, aujourd’hui lieu d’expression, l’ancienne filature Rhône-Poulenc continue à fasciner les hommes. Rhodiacéta 1967 : une filature en plein essor. Des grèves, une occupation de l’usine. Le cinéma ouvrier des groupes Medvedkine est né. Les ouvriers militent, et prennent la parole, racontent leur histoire, leur époque, leurs rêves. Une guérilla culturelle s’organise. La démolition de ce qui fut une usine est proche, avec elle s’éloignent les mots, les souvenirs, les émotions des hommes et des femmes qui y ont travaillé quelques années parfois, toute une vie souvent. La fierté et la révolte s’y sont côtoyés: fierté du travail bien fait, de l’argent durement gagné, la révolte, le combat, les luttes pour un monde à réinventer. Dans les murs de la ruine, un monde se réinvente aujourd’hui, un monde secret, fantôme, à l’abri du tapage urbain. Depuis sa fermeture, une communauté d’Argonautes réveille discrètement ce navire en sommeil, échoué sur les fondations du 21ème siècle. Une mémoire refoulée, un lieu, une esthétique, une identité réunissant des individus au destin bien différent. D’un lieu de travail à un lieu d’expression, une aire de jeu, nous découvrons le portrait d’une usine, ou ce qu’il en reste… Faire parler les traces, donner la parole aux voisins, aux passagers du présent, aux ouvriers d’avant, aux témoins d’une époque, raconter l’histoire d’une aventure humaine d’hier et d’aujourd’hui. En s’appuyant sur son parcours industriel, social et militant, le film propose un regard sensible et poétique sur ce vestige singulier. Un documentaire de Marc Perroud, vie des hauts production