Au premier siècle de notre ère, l’édification du Colisée a ouvert une nouvelle dimension dans la vie d’une cité moderne : jamais divertissement, politique et justice n’avaient été rassemblés dans un lieu aussi colossal, populaire et fonctionnel. Le Colisée symbolisa la gloire de l’Empire romain et la synthèse des savoirs architecturaux les plus avancés de l’époque. Selon les historiens, c’est le geste fondateur de la société du spectacle. Au premier siècle de notre ère, l’édification du Colisée à Rome (achevé en 80) a ouvert une nouvelle dimension dans la vie d’une cité moderne : jamais divertissement, politique et justice n’avaient été rassemblés dans un lieu aussi colossal, populaire et fonctionnel. Plus impressionnant édifice jamais construit par les bâtisseurs de l’Antiquité, le Colisée symbolisa la gloire de l’Empire romain tout en réussissant la synthèse des savoirs architecturaux les plus avancés de l’époque. C’est l’empereur Vespasien qui initie le projet de l’amphithéâtre. Ses visées sont politiques : rien n’est trop beau pour courtiser son peuple, impressionner ses adversaires locaux et décourager les ennemis d’un empire qui succède à la Grèce comme superpuissance occidentale. Il faudra moins de dix ans pour concevoir ce monstre ovale de 138 mètres de long et de 50 de haut, un record de vitesse pour l’époque. Cinquante mille spectateurs assistent à différentes heures de la journée à des « séances » d’une stupéfiante densité. Le matin s’y déroulent des scènes de chasse – où de vrais animaux sont tués –, le midi, des tribunaux de justice (avec exécution immédiate en cas de condamnation à mort), et l’après-midi, des combats de gladiateurs, adulés comme des légendes vivantes. Les prouesses techniques alors mises en œuvre suscitent encore l’admiration au XXIe siècle : brumisateurs géants pour rafraîchir le public, ascenseurs pour faire surgir les animaux dans l’arène, auvents dépliables pour l’ombre… Un luxe inouï qui atteint son apogée lors des batailles navales – où des bateaux grandeur nature naviguent sur un lac artificiel. Documentaire de Pascal Cuissot et Gary Glassman