A deux heures de vol de Paris, la Moldavie est devenue le pays le plus pauvre d’Europe. Face au chômage endémique dans les zones rurales, plus d’un million de moldaves, un tiers de la population, a aujourd’hui quitté le territoire. A la recherche d’une vie meilleure, ils sont partis en Europe, en Russie ou en Roumanie, le pays voisin avec lequel la Moldavie partage sa langue et une histoire commune. En France ils seraient 5000 officiellement, beaucoup plus à en croire les membres de la diaspora. A l’été 2014, l’Union Européenne a mis fin à l’obligation de visa pour les séjours de moins de trois mois dans les pays membres. Du pain béni pour les candidats à l’exil. Plusieurs lignes de bus entre les zones pauvres du Nord du Pays et Paris font le trajet pour acheminer ces migrants. Près de 400 chaque semaine. En Moldavie, les villages ruraux, et les terres noires un temps si fertiles,se vident. Restent les enfants, livrés à eux-mêmes ou, dans le meilleur des cas, gardés par les grands-parents. Sur place, des situations désespérées apparaissent: villages fantômes, enfants laissés à l’abandon, migrants victimes de trafics d’êtres humains. Sans perspective d’avenir, des générations entières sont sacrifiées. L’argent des migrants représente aujourd’hui un quart du PIB moldave. Mais, le développement du pays, plus que jamais tiraillé entre l’Europe et la Russie, peine à se dessiner malgré les aides de la communauté européenne. Un documentaire d’Anne-Charlotte Gourraud.