On vient de loin, d’Australie et même de Chine, pour avoir recours à une mère porteuse. La Grèce est un des rares pays européens, avec le Royaume-Uni, à avoir légalisé en 2002 la gestion pour autrui. Une dizaine d’années plus tard, il est devenu une destination phare du tourisme de la fertilité etcompte plus d’une soixantaine de cliniques d’aide à la création proposant des tarifs défiants toute concurrence. Pour éviter la marchandisation des corps le pays s’est doté d’un cadre légal très strict. Officiellement le recours à la GPA ne doit donner lieu à aucune contrepartie financière pour la mère porteuse. Mais le système connait de nombreuses défaillances, comme l’absence de supervision des nombreux centres de procréation assistée par une commission nationale de contrôle, en sommeil depuis 2008, faute de personnel. Autre point noir : le recrutement de mères porteuses. Dans une société grecque encore très traditionnelle, devenir mère porteuse reste encore très mal vu. Les femmes qui font ce choix aujourd’hui sont le plus souvent des immigrées originaires des Balkans voisins et précaires. En première ligne dans un contexte de grave crise économique et sociale, la tentation est grande pour ces femmes de gagner leur vie en faisant commerce de leurs ovocytes et de leur utérus. L’altruisme, principe éthique sur lequel repose la loi grecque sur la GPA, n’a pas résisté à l’érosion de la crise et aux pressions des acteurs de ce tourisme. Un documentaire de Laïla Agorram.