La révolte contre le pouvoir central, puis la défaite des marins de Kronstadt, corps d’élite basés sur une petite île proche de Saint- Petersbourg – alors Petrograd – dans le golfe de Finlande, sont au centre de ce second épisode. Ian Lilley relate d’abord les horreurs de la guerre civile, de 1918 à la fin de 1920, qui coûteront à l’URSS quelque 10 millions de morts, tués dans les combats opposant les armées rouge et blanches, mais aussi décimés par la famine et les épidémies. Une fois la victoire acquise, dans un pays exsangue, les marins de Kronstadt tolèrent de plus en plus mal la dictature bolchevique, les privilèges de l’élite, les agissements de la Tcheka, la police secrète, la trahison ouverte des idéaux qu’ils défendent, armes à la main, depuis quatre ans. Après une dure répression de grèves ouvrières, à Petrograd, ils décident de faire sécession, proclamant un Comité révolutionnaire provisoire et appelant le peuple à la révolte. Leur rébellion représente à leurs yeux la « troisième révolution », après celles de février et d’octobre 1917. Montrés du doigt par la propagande officielle comme de dangereux réactionnaires, ils échouent à rallier à leur cause une population épuisée par les combats. Le 8 mars 1921, ils repoussent un premier assaut de l’armée rouge, mené sur la mer gelée par Trotsky en personne. Mais l’ultime poche de résistance qu’ils représentent va tomber deux semaines plus tard, face à quelque 45 000 soldats. Huit mille survivants parviendront à s’enfuir sur la glace en Finlande, distante d’une quinzaine de kilomètres. Les autres seront déportés dans les premiers camps ou passés par les armes. En ce début de l’année 1921, la révolution de 1917, qui avait ébranlé le monde en promettant « tout le pouvoir » aux soviets populaires, voyait disparaître ses derniers hérauts en Russie.