À l’heure où la guerre et ses tragédies embrasent le Moyen-Orient, le président de la République turque Recep Tayyip Erdogan est devenu l’une des personnalités incontournables dans le jeu des nations, l’une des plus contestées aussi. Parvenu au pouvoir en 2003 en tant que Premier ministre, il s’est d’abord imposé aux yeux du monde, et même des opposants à son Parti de la justice et du développement, l’AKP (islamiste), comme un dirigeant moderniste d’un genre nouveau. Mais, ces dernières années, il renforce peu à peu son pouvoir et fait preuve d’une grande dureté face à ceux qui s’opposent à lui : minorités, intellectuels libéraux, jeunesse, journalistes, magistrats… Avec les élections de novembre 2015, qui ont redonné à l’AKP la majorité absolue au Parlement, suivies en juillet 2016 d’une tentative déjouée de coup d’État, sa dérive totalitaire semble s’accélérer. Ce qui ne risque pas de s’arranger avec les pleins pouvoirs que vient de lui accorder, d’une courte tête et par référendum, le peuple turc. Accusé d’orchestrer un régime corrompu, paternaliste et intolérant, maniant les élections pour renforcer sa domination, il écrase de son emprise la scène politique nationale en bâillonnant l’opposition et les médias. Un despote d’un genre nouveau est-il en train de naître ?