Près de 2 millions d’Haïtiens dépendent de l’aide alimentaire internationale. Mais cette dernière, composée essentiellement de surplus agricoles importés depuis les pays du Nord, est un instrument à  double tranchant : si elle est indispensable à  la survie de près de 20 % des habitants de ce pays, elle prive aussi les paysans haïtiens d’une grande partie de leur clientèle. Ces agriculteurs locaux se retrouvent ainsi pris en tenaille entre l’aide alimentaire généreusement offerte par les pays du nord, et les importations commerciales à  très bas prix (car subventionnées par les pays producteurs et peu taxées par Haïti) réalisées par les gros commerçants : incapables de s’aligner sur ces tarifs, ces paysans abandonnent donc leurs exploitations pour rejoindre les bidonvilles misérables des grandes villes… Où ils viennent grossir les rangs de la population dépendante de l’aide alimentaire. Pour briser ce cercle vicieux, la France a mis en place, en 2005, un programme innovant : plutôt que d’importer son aide alimentaire depuis l’hexagone, elle s’efforce de l’acheter, sur place, à  des communautés paysannes haïtiennes, pour l’offrir ensuite au Programme alimentaire mondial (PAM), qui la redistribue. Elle aide aussi ces agriculteurs à  s’organiser, à  se réunir, à  améliorer leur productivité et leur capacité à  négocier les meilleurs prix. Ce documentaire du cinéaste haïtien Arnold Antonin présente les acquis et les résultats de cette opération à  laquelle veulent désormais s’associer d’autres bailleurs de fonds internationaux.