À voir l’impétueux petit torrent de montagne, rien ne laisse soupçonner que le Danube deviendra le deuxième plus long fleuve d’Europe. De la Forêt-Noire à la capitale autrichienne, nous suivrons ses mille premiers kilomètres. Il faut au Danube plusieurs centaines de kilomètres avant de devenir navigable. Première étape : Ulm. Cette ville a bâti sa fortune sur des bateaux de transport spécialement conçus pour le peu de profondeur du fleuve. Nous montons à bord de l’une de ces « boîtes », comme on les appelait. Des bateaux à usage unique, que les « Amis du Danube » ont même reconstitués. Partout dans la vieille ville, se lisent encore les traces de ces métiers du fleuve. Le Danube ne devient navigable aux gros navires qu’un peu avant Ratisbonne. Miraculeusement épargnée par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, Ratisbonne est aujourd’hui inscrite sur la liste du patrimoine mondial. Catherine Hummel, la présidente de l’association franco-allemande, nous fait découvrir sa ville, que la crue du Danube ampute parfois de ses îles. Sous le soleil, les rives se transforment en plages et l’Italie s’invite aussi dans les maisons patriciennes qui font la richesse de la ville. Ratisbonne a aussi été le siège du pouvoir du Saint Empire Romain Germanique, ébauche d’un « parlement » historique. En amont de Ratisbonne, comme en aval, deux monuments étonnants surplombent le Danube : deux édifices voulus par Louis Ier de Bavière, l’un pour célébrer… les défaites de Napoléon, l’autre, temple grec insolite sur la rive du fleuve, est un panthéon de la culture germanique. Beaucoup d’anciens chemins de halage sont aujourd’hui des pistes cyclables. Et les cyclotouristes sont nombreux à découvrir le fleuve par cette méthode douce. La vallée de la Wachau est une porte d’entrée célèbre en Autriche, pour sa production viticole. Un terroir intimement lié au Danube, comme nous l’explique Heinz Frischengruber, œnologue de la vallée. Une vallée qui fête son solstice d’été sur le fleuve. Le capitaine Schin est au moins autant marié au fleuve qu’à son épouse, et ne compte plus les heures passées sur le Danube. Un Danube qui a permis la construction de merveilles comme l’abbaye de Melk, qui fut un phare de culture au Moyen Âge. C’est elle qui inspira « Le Nom de la rose ». Et si Vienne ne s’est pas bâtie sur son fleuve, Alexandre et son groupe nous en font découvrir toute la vitalité.Un documenaire d’Isabelle Thomas, Guy Sabin, Alain Barnault, Cécile Lecante, Thierry Durel et Kléber Fleury pour Des racines et des ailes, France  3