S’il n’a jamais fait partie de « l’avant-garde », Bill Evans a profondément révolutionné l’approche du trio et du piano jazz. Il a su incorporer dans son discours une certaine couleur harmonique provenant de ses influences classiques (les impressionnistes français : Fauré, Debussy et Ravel, mais aussi Chopin, Scriabine…). Son art du voicing (choix des notes pour les accords) toujours sur la partie médium – supérieure du clavier pour libérer de la place au jeu de basse de son contrebassiste, son sens des subtilités rythmiques (accentuations, polyrythmie, « displacement », etc.) et de la mélodie alliés à une extrême sensibilité font de lui un des pianistes majeurs de l’histoire du jazz. Son répertoire était constitué, en grande partie, de chansons de Broadway et Tin Pan Alley – dont de nombreuses valses – , qu’il reprenait inlassablement, mais il a aussi été un compositeur inspiré. Nombre de ses compositions sont devenus des standards du jazz : Waltz for Debby, Very early, Turn out the stars, Time remembered…