L’homme n’est pas le seul animal social. Début 2001, le primatologue Franz de Waal publie ses travaux sur le groupe de chimpanzés du zoo d’Arnhem, en Hollande. Il a mis au jour la présence de rites si subtils et si élaborés qu’ils témoignent, selon lui, d’une véritable organisation «politique», jetant ainsi les bases d’un débat qui remue aujourd’hui le monde scientifique. L’homme ne serait donc plus le seul «animal politique» comme le définissait Aristote… Calcul intentionnel, coalitions, médiation ont été mis en évidence chez les chimpanzés. Bien avant que l’homme se soit approprié la politique, la nature avait déjà mis en place chez les autres sociétés animales de multiples stratèges politiques allant du plus guerrier au plus égalitaire : esclavagisme chez les fourmis, fief et droit de véto chez les babouins hamadryas, jusqu’à la démocratie chez les cerfs. Les biologistes se sont même rendu compte que certains traits de caractères qu’un politicien use pour arriver à ses fins peuvent se retrouver dans les mœurs d’autres espèces animales. Savoir dominer, réunir, séduire un public, le manipuler et ruser ne constituent plus une forme d’intelligence que l’homme pensait sienne. La barrière s’est rompue, le piédestal que l’homme s’était construit s’effrite de plus en plus grâce aux récentes découvertes que les biologistes font parmi les sociétés animales du monde entier. Un documentaire de Bertrand Loyer, Guillaume Poyet