En 2013, le Centrafrique a connu une crise sans précédent, avec la prise de Bangui par les sélékas puis les représailles anti-balaka. Il aura fallu l’intervention de 12 000 casques bleus et de 2 500 soldats français de la force sangaris pour stopper les massacres. Le pire a peut-être été évité et pourtant d’importants déplacements de population ont eu lieu : près d’un million de personnes sont réfugiées dans les pays voisins ou déplacées à l’intérieur du pays ; c’est un quart de la population nationale. Depuis 2 ans, beaucoup sont retournées dans leurs régions d’origine mais elles restent minoritaires. Fin 2015, des affrontements ou des tensions fortes surgissent toujours çà et là sur le territoire national. Les mouvements hors de la capitale sont dangereux, les coupeurs de route sont monnaie courante, les échanges entre les provinces restent limités. En clair, le conflit oblige le pays et la population à l’enclavement, au confinement, à l’isolement. L’économie est exsangue. L’agriculture a beaucoup souffert de cette situation. D’après la FAO, la production nationale a chuté de près de 50 % en 2013. On ne produit plus pour vendre, juste pour subsister. Les populations s’appauvrissent, elles se nourrissent de plus en plus mal, en particulier les enfants et les femmes, et la république centrafricaine se retrouve désormais à l’avant-dernier pays le plus pauvre au monde, selon le classement des Nations Unies. En même temps, la société centrafricaine vit au rythme de l’assistance humanitaire, elle n’est pas ou plus l’orpheline de l’aide internationale comme on pouvait le constater avant la crise de 2013. En 2014, 400 millions de dollars d’aide ont été donnés, soit en moyenne 100 dollars par habitant. C’est un niveau unique dans l’histoire de cette république. Est-ce que cette ressource l’encouragera l’assistanat et la dépendance ? Ou va-t-elle au contraire lui permettre de gagner du temps et en assurance pour ensuite définitivement ses tumultes, ses problèmes de gouvernance qui le secouent maintenant depuis 25 ans. L’espoir n’est pas seulement permis, il est impératif, c’est un devoir pour les Centrafricains qui souffrent et qui aspirent désormais à construire un pays prospère. L’agriculture constitue pourtant la colonne vertébrale de l’économie centrafricaine. Indiscutablement, c’est dans ce secteur que le pays peut retrouver les ressources pour se relancer sur la voie du développement. L’agriculture était peut-être l’une des causes du conflit, elle en sera en tout cas l’une des solutions. L’agriculture peut devenir le socle de la réconciliation. Ce documentaire de 52 minutes soutenu par l’Institut français s’inscrit dans le cadre du fonds d’Alembert 2015 « Sécurité alimentaire : le pluralisme des débats pour une sortie de crise ».